Le projet Nowhere, «Nulle part» a été créé par le performeur et chorégraphe Dimitris Papaioannou en 2009 pour inaugurer la scène principale rénovée du Théâtre National de Grèce à Athènes. La courte scène présentée ci-dessus, avec la puissance et la grâce de corps multiples évoluant dans l’espace et semblant se fondre en un corps unique est d’une grande simplicité plastique et d’une singulière beauté. Elle est dédiée à la mémoire de la grande danseuse, chorégraphe et pionnière de la danse contemporaine Pina Bausch.
Rotwang, l’inventeur génial et fou, a créé une créature artificielle, un robot, qui a l’apparence de Maria et qu’il veut utiliser pour créer le chaos parmi les habitants de la ville basse. Après avoir jeté le trouble parmi les habitants de la Ville Haute par une danse lascive, cette créature se rend effectivement à un réunion des travailleurs et cherche à les manipuler. Traitée de sorcière par les travailleurs, elle sera livrée au bûcher. Pour une actrice débutante âgée de seulement 19 ans, la performance de Brigitte Helm est remarquable. C’est dans ces scènes qu’elle s’est révélée une grande interprète.
L’idée de Fritz Lang de la fermeture de l’œil gauche du robot signe de l’imperfection de la machine qui veut imiter l’homme est géniale. Elle fait intervenir un élément d’étrangeté que l’on va retrouver tout le long du film et qui permet de distinguer la fausse Maria de la vraie.
L’harangue aux travailleurs
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la mise au bûcher
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« Die Grosse Babylone » ou la danse de la succube
Rotwang a convié les hommes de la Ville-haute à assister à une « danse érotique ». C’est le robot-Maria qui exécute la danse
Edward Thayer Monroe – portrait de Gladys Zielian, « Ziegfeldgirl », 1919
À quoi tient un portrait réussi ? À la plastique et à la personnalité du sujet photographié ou au talent du photographe ? Aux deux, sans doute, la jeune Gladys Zielian à l’allure nonchalante et à la moue boudeuse qui jette un regard désabusé sur le photographe faisait elle aussi partie de la troupe des « Ziegfeld Follies » de Broadway à New York. C’était une « flapper », l’une de ces jeunes femmes libérées des années vingt qui avait épousé pleinement la modernité en arborant jupes et cheveux courts coupés au carré, fumant et buvant de l’alcool comme un homme et décomplexées sur le plan sexuel. Sous une autre de ses photos parue dans le DuluthHerald. de 1922, la légende précisait qu’elle venait récemment d’épouser un fils de bonne famille très influente à New-York après qu’il eut divorcé pour elle de sa femme…
Edward Thayer Monroe (1890-1974) était un photographe réputé de New York, spécialisé dans le portrait d’artistes et de célébrité de facture néo-classique rejetant les effets artificiels et dramatiques de mise en scène appréciés par ses collègues de l’époque. Ses modèles étaient souvent représentées debout ou assises avec une grande sobriété. C’est le cas de ce portrait de Gladys Zielian dont le sex-appeal tient pour beaucoup dans le choix de l’expression du visage et de la pose et dans la mise en valeur de la nuque et de la rondeur de l’épaule par le décolleté largement échancré du corsage..
Kay Laurell (1890-1927), l’une des Ziegfeld girls – Shadowland magazine de décembre 1918
Inspirées par les Folies Bergères de Paris, les Ziegfield Follies, conçues et dirigées par l’imprésario et producteur américain Florenz Ziegfeld se produisirent dans une série de spectacles musicaux de Broadway à New York de 1907 à 1931. Plusieurs de ses girls devinrent des vedettes du cinéma muet dont Kay Laurell qui joua dans trois films avant de rejoindre l’Europe en 1920.
William J. Glackens – Kay Laurell au Café lafayette, 1914
Faisant partie de son premier album studio, Chaleur humaine, sorti en 2014, cette chanson de Christine and the Queens tire son nom de l’arrêt de bus à Paris de la rue Saint-Claude où la chanteuse était descendue précipitamment, écœurée par une scène de moquerie collective à laquelle elle avait assistée dans le bus à l’encontre d’un jeune homme. la chorégraphie du clip a été créée par la chorégraphe Marion Motin.
« Saint Claude »
Souffle saccadé Voilà qui laisse deviner que tout se décide (cide-cide) Maquillé comme à la craie Tout détonne et tout me plaît, les mains sont livides (vides-vides) Un seul de tes poignets est tatoué Défiguré par ta manche Le lion ne sourit qu’à moitié A mes solitudes immenses Ton visage ne sera jamais entier Comme tu regardes au-dehors J’emporte un portrait dévoré Douleur destin bord à bord
Here’s my station Here’s my station But if you say just one word i’ll stay with you
La belle attitude Que l’impatience comme certitude, collier à trois fils (fils, fils) Et à trois fils (fils, fils) Tu seras j’espère Fidèle aux violences qui opèrent dès que tu respires (pires, pires) D’ordinaire cette ville n’offre rien Qu’une poignée d’odeurs tenaces Et cette ville est morte je sais bien Toi seul garde de l’audace Il faudrait que tu la portes loin Alors que d’autres renoncent Je descends deux enfers plus loin Pour que l’orage s’annonce
Here’s my station Here’s my station But if you say just one word i’ll stay with you
Lorsqu’elle est entrée, tous les regards se sont portés sur elle, la dévisageant avec insistance, dans l’espoir de pouvoir croiser l’éclat de des yeux clairs. Mais elle leur a refusé ses yeux clairs. Les regards ont alors glissé le long des courbes de son corps et s’y sont longuement attardés : regards inquisiteurs, regards impudiques, regards hostiles, regards envieux.
Moi, j’étais fasciné par le petit chemisier rouge à pois blancs qu’elle portait, chemisier des années soixante, si anachronique et désuet, et par son air désabusé et absent.
Elle a lentement descendu l’escalier avec une grâce féline sans accorder la moindre attention à ceux qu’elle croisait sur son passage. Lorsqu’elle est passé tout près de moi, j’ai cru sentir les effluves d’un léger parfum et n’ai pu m’empêcher de frissonner.
Elle a salué les maîtres de la maison, échangé avec eux quelques mots aimables, puis, toujours enfermée dans sa solitude, a gagné la piste de danse. Là, elle a fermé les yeux, joint les mains au ciel comme si elle voulait adresser une prière et esquissé un lent mouvement du ventre et des hanches qu’elle a peu à peu accentué pour s’accorder au rythme de la musique. Le mouvement a gagné le reste de son corps qui s’est mis à onduler lascivement puis se tordre d’une manière animale.
J’ai fixé longtemps, comme hypnotisé, le petit chemisier rouge à pois blancs qui se mouvait sur la piste de danse, et ce visage absent dont les pensées semblaient tournées vers elles-mêmes.
Cette flamme à la fois incandescente et glacée qui dansait devant moi, c’était la beauté de la jeunesse, pleine de promesses et de fierté, qui se refusait et se préservait, affichant sa froide indifférence et son défi à la face du monde.
C’est à ce moment, que Sue, l’air moqueur, qui m’avait durant tout ce temps observé, me lança : « Elle est belle, hein ? »
Imaginez mon émoi lorsqu’au cours d’une promenade, je vis surgir d’on ne sait où, une créature étrange, espèce d’elfe déchue, de nymphe déjantée ou de vampire femelle aguicheuse entièrement vêtue de rouge, lèvres couleur de sang, fleur écarlate dans les cheveux et foulard de même couleur lui enserrant le cou dans le dessein probable de cacher les stigmates sanglants laissées par les canines pointues de son maître nocturne, se mettre soudainement à se trémousser devant moi de la plus étrange manière en se tordant le corps dans tous les sens, tournant sur elle même telle une toupie au risque de perdre l’équilibre, levant une fois un bras, une fois une jambe vers le ciel comme si elle exécutait sa leçon de gymnastique, avançant les bras tendus devant elle comme le font les somnambules, puis titubant comme si elle se trouvait sous l’emprise de l’alcool, mouvant son bassin et ses hanches à la façon de la danse des sept voiles, embrassant le vide en tentant d’étreindre l’homme invisible, prenant des poses compliquées sorties tout droit d’un tableau préraphaélite, imitant ensuite les danseuses de l’Egypte antique à la façon des bas-reliefs hiéroglyphiques, rejetant son corps violemment en arrière en défi total aux lois de l’équilibre comme pouvaient le faire les hystériques de Charcot, invoquant les divinités d’un air profondément inspiré en joignant ses mains avec dévotion, pour prendre finalement le monde à témoin en gesticulant et faire des signes d’appels au loin à des visiteurs inexistants. Bref, une suite ubuesque d’attitudes et de mouvements tous plus incohérents et délirants les uns que les autres qui laissaient douter de son intégrité mentale… Le pire était à venir et fut quand elle se mit à chanter — que dis-je chanter — plutôt à glapir et hululer, avec une voie aigüe de crécelle venue d’outre-tombe qui fit immédiatement fuir toute la faune environnante et flétrir toutes les fleurs présentes. Dieu merci, elle finit par disparaître en un clin d’oeil de la même manière qu’elle était apparue, à la fin de sa chanson. J’en suis encore tout retourné… J’aurais pu croire que j’avais été victime d’un mauvais songe ou d’une hallucination si je n’avais eu la présence d’esprit de la filmer avec mon Iphone — Je vous laisse juge — Pour ma part, totalement traumatisé, je n’ose plus la visualiser…
« Wuthering Heights »
Out on the wiley, windy moors We’d roll and fall in green. You had a temper like my jealousy: Too hot, too greedy. How could you leave me, When I needed to possess you? I hated you. I loved you, too.
Bad dreams in the night. They told me I was going to lose the fight, Leave behind my wuthering, wuthering Wuthering Heights.
Heathcliff, it’s me–Cathy. Come home. I’m so cold! Let me in-a-your window.
Heathcliff, it’s me–Cathy. Come home. I’m so cold! Let me in-a-your window.
Ooh, it gets dark! It gets lonely, On the other side from you. I pine a lot. I find the lot Falls through without you. I’m coming back, love. Cruel Heathcliff, my one dream, My only master.
Too long I roam in the night. I’m coming back to his side, to put it right. I’m coming home to wuthering, wuthering, Wuthering Heights,
Heathcliff, it’s me–Cathy. Come home. I’m so cold! Let me in-a-your window.
Heathcliff, it’s me–Cathy. Come home. I’m so cold! Let me in-a-your window.
Ooh! Let me have it. Let me grab your soul away. Ooh! Let me have it. Let me grab your soul away. You know it’s me–Cathy!
Heathcliff, it’s me–Cathy. Come home. I’m so cold! Let me in-a-your window.
Heathcliff, it’s me–Cathy. Come home. I’m so cold! Let me in-a-your window.
Heathcliff, it’s me–Cathy. Come home. I’m so cold! °°° ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Eteins la parole éteins la pensée et va ! vole ! tombe ! sans haut ni bas aspiré, foulé dans les failles de l’air entre courbures d’une mélodie que personne ne joue
Mary Louise Fuller, dite Loïe Fuller, née à Hinsdale (Illinois) le 15 janvier 1862 et morte à Paris le 2 janvier 1928, est une danseuse américaine, pionnière de la danse moderne; elle est célèbre pour les voiles qu’elle faisait tournoyer dans ses chorégraphies. Elle apparait pour la première fois aux Folies-Bergère en 1892 et enthousiasma le public lors de l’Exposition universelle de 1900. Son nom est associé au courant Art Nouveau, au Japonisme et au Symbolisme. On la surnommait, la « fée lumière » parce qu’elle utilisait l’éclairage électrique tout juste naissant pour créer des jeux de lumières où apparaissaient grâce à la manipulation de grands voiles de soie dont elle était revêtue, papillons, serpents, fleurs et flammes. Ses danses les plus célèbres sont la Danse du Lys, la Danse de Feu et la Danse serpentine.
Jean Cocteau en faisait le portrait peu aimable suivant :
« Une grosse américaine, assez laide et à lunettes, debout sur une trappelentille*, manœuvre avec des perches des flots de voile souple, et sombre, active, invisible, comme le frelon dans la fleur, brasse autour d’elle une innombrable orchidée de lumière et d’étoffe qui s’enroule, qui monte, qui s’évase, qui ronfle, qui tourne, qui flotte, qui change de forme,comme la poterie aux mains du potier, tordue en l’air sous le signe de la torche et de la chevelure. »
*–trappelentille : quésaco ?
Mallarmé lui a consacré un poème et écrit un texte sur son spectacle ( c’est ICI ) :
Billet
Pas les rafales à propos De rien comme occuper la rue Sujette au noir vol de chapeaux ; Mais une danseuse apparue
Tourbillon de mousseline ou Fureur éparses en écumes Que soulève par son genou Celle même dont nous vécûmes
Pour tout, hormis lui, rebattu Spirituelle, ivre, immobile Foudroyer avec le tutu, Sans se faire autrement de bile
Sinon rieur que puisse l’air De sa jupe éventer Whistler.
Loïe Fuller vue par les peintres : Toulouse-Lautrec, Kilo Moser, Gérôme, Joseph Paget Fredericks, Jean-Louis Forain, Jean de Pal, Thomas Theodore Heine, Rodin
Sur le site officiel L’HISTOIRE par L’IMAGE, l’historienne Gabriella Asaro a écrit un article très complet sur le thème de Loïe Fuller vue comme incarnation du symbolisme sur scène, je vous invite à le consulter, c’est ICI .
Sur ce blog, voir également l’article « Savage Beauties » consacré au couturier trop tôt disparu, Alexander McQueen, qui a réalisé des robes inspirées des danses de LoÏe Fuller, c’est ICI .