The Inspector Cluzo – Little Girl & The Whistlin’ Train (album We the People of the Soil, 2018)
Vu du train – Photos « destructurées » prises avec mon IPhone le 10 février 2015 depuis le train Montréal-New-York vers 13 h 43
Little Girl & The Whistlin’ Train
Little girl wants to look around It won’t be easy Little girl just hears a sound Going back to old days Today is a day of the whistling train You got to remember Today is a day of the blowing rain I just want a ticket to pass around
Last day hanging around No more memories Last day touching the ground From your old own town Today is a day It won’t be easy Today of the whistling sound To hear your whistling sound
It won’t be easy Today is a day of the whistling train Going back to old days Today is a day of the blowing rain You got to remember A one way train ticket I just want a ticket to pass around A one way life ticket
No more memories Making on your own From your old own town You got to move on It won’t be easy Surely you get along To hear your whistling sound Little girl.
Last day hanging around Little Girl & The Whistlin’ Train Last day here on the groundThe Inspector Cluzo Today is a day album We the People of the Soil Today of the whistling sound 2018
Dans la seconde station de métro. Le coude à coude entre les affiches dans une lumière morte au regard égaré.
Le train arriva pour emmener les visages et les porte-documents.
À la prochaine, l’obscurité. Nous étions assis comme des statues dans ces voitures qui dérapaient dans les cavernes. Contraintes, rêveries, servitudes.
On vendait les nouvelles de la nuit aux arrêts situés sous le niveau de la mer. Les gens étaient en mouvement, chagrins et taciturnes sous le cadran des horloges.
Le train transportait Les pardessus et les âmes.
Dans tous les sens, des regards lors du voyage dans la montagne. Et nul changement en vue.
Près de la surface pourtant, les bourdons de la liberté s’étaient mis à vrombir. Nous sortîmes de terre.
Une seule fois, le pays battit des ailes avant de s’immobiliser à nos pieds, vaste et verdoyant.
Les épis de blé arrivaient en vol au-dessus des quais.
Terminus ! J’étais allé bien au-delà.
Combien étions-nous encore ? Quatre. Cinq, à peine plus.
Et les maisons, les routes, les nuages, les criques bleues et les montagnes ouvrirent leurs fenêtres.
Tomas Tranströmer, recueil Baltiques, œuvres complètes 1954-2004 – éd. nrf/Gallimard – Trad; Jacques Outin
Tomas Tranströmer (1931-2015) Poète suédois, prix Nobel de littérature 2011
porteurs dans l’Himalaya (photographie Gibi Briat)
« portez-vous bien. » C’est fou ce qu’il faut se porter dans cette vie.
Alexandre Millon
Les invisibles
Notre monde repose sur les épaules de l’autre. Sur des enfants au travail, sur des plantations et des matières premières payées bon marché : des épaules d’inconnus portent notre poids, obèse de disproportion de richesses. Je l’ai vu. Dans les ascensions qui durent bien des jours vers les camps de base des hautes altitudes, des hommes et aussi des femmes et des enfants portent notre poids dans des hottes tressées. tables, chaises, vaisselle, tentes, cuisinières, combustibles, cordes, matériel d’escalade, nourriture pour plusieurs semaines, en somme un village pour vivre là où il n’y a rien. Ils portent notre poids pour le prix moyen de trois cents roupies népalaises par jour, moins de quatre euros. Les hottes pèsent quarante kilos, mais certains en portent des plus lourdes. Les étapes sont longues, elles fatiguent le voyageur avec son petit sac à dos et le minimum nécessaire. Des porteurs de tout notre confort marchent avec des tongs ou bien pieds nus sur des pentes qui manquent d’oxygène, la température baissant. la nuit, ils campent en plein air autour d’un feu, ils font cuire du riz et des légumes cueillis dans les parages, tant que quelque chose sort de terre. Au Népal, la végétation monte jusqu’à trois mille cinq cents mètres. Nous autres, nous dormons dans une tente avec un repas chaud cuisiné par eux. Ils portent notre poids et ne perdent pas un gramme. Il ne manque pas un mouchoir au bagage remis en fin d’étape. Ils ne sont pas plus faits pour l’altitude que nous, de nuit je les entends tousser. Ce sont souvent des paysans des basses vallées de rizières. Nous avançons péniblement en silence, eux ne renoncent pas à se parler, à raconter, tout en marchant. Nous habillés de couches de technologie légère, aérée, chaude, coupe-vent, et cetera, eux avec des vêtements usés, des pulls en laine archiélimés : ils portent notre poids et sourient cent fois plus que le plus extraverti de nos joyeux compères. Ils nous préparent des pâtes avec l’eau de la neige, ils nous ont même apportés des œufs ici, à cinq mille mètres. sans eux, nous ne serions ni agiles, ni athlétiques, ni riches. Ils disparaissent en fin de de transport, ils se dispersent dans les vallées, juste à temps pour le travail du riz et de l’orge.
Erri De Luca, « Sur la trace de Nives« , Postface– édit. Gallimard Folio, 2005 – Traduit de l’italien par Danièle Valin.
C’est par cet hommage aux porteurs des expéditions dans l’Himalaya, à ces obscurs et ces « invisibles » sans lesquels aucune expédition ne serait possible que l’écrivain italien originaire de Naples Erri De Luca débute son livre « Sur la trace de Nives« , l’un des plus beau livre que j’ai lu à ce jour sur l’alpinisme. Nives, c’est la célèbre alpiniste italienne Nives Meroi qui s’est rendue célèbre en gravissant avec son mari Romano Benet quatorze sommets de plus de 8.000 mètres. Le livre est la transcription d’un dialogue entre l’écrivain, lui-même alpiniste, et la grimpeuse lors d’une ascension dans l’Himalaya au cours duquel sont échangés des propos empreints de philosophie humaniste et d’une grande sensibilité sur l’alpinisme et la vie en général. Un livre à lire absolument…
Oui, notre monde repose sur les épaules de l’autre : enfants des bidonvilles du Bangladesh qui travaillent plus de soixante heures par semaine dans les usines textiles fournisseuses des grandes marques internationales afin que nous puissions acquérir au plus bas prix nos vêtements de marques, travailleurs misérables des mines clandestines de terres rares d’Afrique et d’Asie qui travaillent dans des conditions épouvantables pour que nous puissions acquérir nos chers téléphones portables, travailleurs exploités des plantations de fruits d’Amérique centrale décimés par des maladies causées par les traitements chimiques et les conditions de travail, sans compter le million de travailleurs pauvres qui chez nous se contentent de survivre avec un salaire de 800 euros par mois du fait du temps partiel contraint. Nous y pensons à l’occasion, nous nous révoltons sur le coup et puis nous oublions, continuant sans trop d’état d’âme à acheter nos vêtements, nos téléphones et nos fruits exotiques…
Enfant travaillant dans une usine textile du Bangladesh (photographie GMB Akash)
Les japonais derrière la vitre du métro à Tokyo – photographe Michael Wolf Léo Ferré – La solitude
À qui s’adresse ce doigt d’honneur ? À la société ? Au système qui génère cette aliénation et qui en porte la responsabilité ? Non, absolument pas ! ce doigt d’honneur s’adresse au photographe qui est témoin de cette misère humaine et de la passivité apparente de ceux qui en sont les victimes désignées et résignées… A-t-on déjà vu les voyageurs japonais se révolter contre cette forfaiture ? manifester dans les gares, bloquer les trains ? À ma connaissance, jamais. L’agressivité se retourne contre le témoin qui a le tort de mettre au grand jour cet abaissement que l’on voudrait dissimuler parce qu’il fait honte. Ces clichés du photographe Michael Wolf m’ont touché car, durant de nombreuses années, j’ai moi-même connu, à un degré nettement moindre, il est vrai, les transports quotidiens entre une lointaine banlieue nord et le centre de Paris, dans des wagons de train et de métro bondés où l’on ressentait, mêlé à un profond sentiment de solitude, une exaspération croissante alors que l’on se voyait réduit à n’être qu’une portion de la masse compacte composée d’êtres résignés aux yeux éteints qui évitaient de croiser votre regard.
Paul Strand – Cheval blanc, Luzzara, province de Reggio d’Émilie, Italie, 1953.
Paul Strand – portrait de Georges Braque, 1957 Est-ce un arrière-train d’étalon que cache Georges Braque dans la pénombre ? Était-il un centaure ?
Paul Strand (1890-1976) est célébré comme l’un des pionniers de la photographie moderniste aux États-Unis. Il est l’un des premiers à avoir abandonné l’esthétique du pictorialisme au profit d’une straight photography, c’est-à-dire à rejeter l’esthétique symboliste de la stylisation et de l’évocation, à renoncer aux possibilités offertes par le flou et le bougé, à toutes sortes d’artifices de tirage, au profit d’une pratique photographique directe et objective, reposant sur le principe d’une saisie immédiate de la réalité, sans transformations ou le moins possible. En 1917, à l’âge de 27 ans, il écrivait : « La plus parfaite réalisation de [cette objectivité absolue qui est le propre de la photographie] est atteinte sans aucun truc ni procédé, sans manipulation, grâce à l’utilisation de méthodes photographiques directes [straight photographic methods].» (D’après Èric de Chassey dans Paul Strand, frontalité et engagement, 2003)
Mythique, iconique… Les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier ce vélo motorisé 100% français dont le premier prototype fut réalisé en décembre 1940 par la société Solex fondée en 1905 par deux centraliens, Maurice Goudard et Marcel Mennesson. L’engin sera baptisé VéloSoleX et la production débutera en 1946 dans l’usine de Courbevoie au rythme de 15 machines par jour.
Le principe mécanique de ce cyclomoteur était simple : un vélo dont la roue avant était entraînée par un petit moteur à essence 2 temps à vilebrequin de 49 cm3 de cylindrée, positionné contre l’axe central de la fourche avant au sommet de la roue. La transmission s’effectuait directement contre le pneu de la roue avant par galet. Une béquille rétractable permettait de le stabiliser à l’arrêt.
bloc moteur éclaté du VéloSolex 3800, galet d’entraînement, béquille, porte-bagage, pompe à essence et bidon de mélange spécial solexine
La « La bicyclette qui roule toute seule » était légère, solide, économique et de ce fait très populaire chez les jeunes et les ouvriers. Ma grande sœur possédait l’un de ces engins et je me souviens, enfant, n’avoir jamais pu l’utiliser car il fallait pour faire démarrer le moteur, pédaler avec force et en même temps faire descendre manuellement à l’aide d’une manette le moteur pour le mettre en position d’entraînement de la roue… Entre 1946 date de son lancement et 1988, l’année de l’arrêt de sa fabrication, 7 millions d’exemplaires ont été vendus en France et à l’étranger, surtout aux Pays-Bas.
Les célébrités à VéloSoleX : Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Sylvie Vartan, Jacques Tati, Charles Aznavour, philippe Noiret, Robert de Niro, Steve Mac Queen,
Des solex de nouveau fabriqués en France à Saint-Lô ?
Le nouveau style de Solex électrique, peu de rapport avec l’ancien Solex : le bloc moteur avant est supprimé et plusieurs couleurs disponibles
Fondée en 2005 et basée à Paris, la société Easybike a décidé de relancé la production du Solex mais cette fois à propulsion électrique. La société produisait jusque là 2 marques de vélos à assistance électriques (VAE), les VAE Easybike fabriqués en Chine et les VAE Matra fabriqués à Saint-Lô depuis qu’elle avait racheté la société locale Mobiky. Son objectif est de produire 3.500 VAE Solex cette année dans 50 à 60 points de vente. Mais ce vélomoteur privé de son bloc moteur caractéristique à l’avant est-il toujours un Solex ? Son aspect fait plutôt référence aux vélos électriques communs mais on ne va pas faire la fine bouche sur quelques emplois créés… Une seule ombre au tableau, l’usine est surtout une usine de montage car si les rayons et les jantes sont fabriqués en France à Saint-Etienne, les autres pièces sont fabriquées à l’étranger : cadres en Asie, moteurs Bosch en Allemagne et en Hongrie. Les Solex version Easybike seront vendus entre 1.800 et 3.000 euros selon la gamme.
« Labor omnia vincit» : En 1902, George Méliès réalise l’un des premiers film de science-fiction « Le Voyage dans la lune » avec une mise en scène burlesque – Extrait du film original sans son ajouté. Depuis, une version remasterisée et colorée a été réalisée.
Vingt sept années plus tard, en 1929, le dernier film muet de Fritz Lang « Frau im Mond » adapté du roman de son épouse Thea von HarbouUne femme dans la Lune montre également mais de manière plus réaliste les premiers pas de l’homme sur la lune. Le très beau fond musical utilisé dans la video est de ElizabethBernholz(néeElizabethWalling) alias Gazelle Twin depuis 2009, une artiste britannique adepte de la dark pop, des sons électroniques et du surréalisme.
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Soixante-sept années après le film de George Méliès, le 20 juillet 1969 : Neil Armstrong est le premier homme à avoir posé réellement son pied sur le sol lunaire, il déclare « C’est un petit pas pour un homme, un pas de géant pour l’humanité »