Friedrich Nietzsche : Prologue de Ainsi parlait Zarathoustra (1883-1885) lu par Micheal Londsdale.
illustrations : Le voyageur au-dessus des nuages, G. Friedrich (1818) & la grande foule, A. Saura (1963)
Friedrich Nietzsche : Prologue de Ainsi parlait Zarathoustra (1883-1885) lu par Micheal Londsdale.
illustrations : Le voyageur au-dessus des nuages, G. Friedrich (1818) & la grande foule, A. Saura (1963)
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Mercredi 25 main 2016 : promenade avec Gracie dans le ravin situé près de chez moi
À un quart d’heure à pied de chez moi, il existe un étroit et profond ravin creusé dans la molasse dont les pentes sont couvertes d’une végétation luxuriante. Au fond coule un ruisseau venu de la montagne toute proche que la pente a rendu impétueux. Je m’y rend souvent pour promener ma chienne Gracie. En bordure de l’eau gazouillante, c’est le règne des fougères qui ont trouvé là un biotope idéal pour leur épanouissement. Tout autour, c’est la lutte pour la vie. Et la vie, dans cet étroit goulet où l’ombre règne en maîtresse, c’est la lumière du soleil que l’on distingue très haut au-dessus de nos têtes, comme un bien inaccessible, entre les épaisses frondaisons. Dans ce royaume de l’ombre, il semble que chaque plante se soit fixé le but de pousser le plus haut et le plus rapidement possible pour capter au détriment des autres le maximum de cette lumière bienfaisante et on est surpris de la hauteur vertigineuse atteinte par les arbres et de la rectilignité de leurs troncs. Mais la compétition est implacable, sur un sol rocheux où la terre arable a été distribuée avec parcimonie, les géants n’ont que peu de prise pour développer leurs racines et certains jours de tempête ils s’abattent et se couchent facilement les uns sur les autres comme dans un mikado géant. Dans ce sombre chaos de troncs renversés et de verdure luxuriante qui nous plonge dans une ambiance de forêt primaire voire équatoriale, pour un peu on serait tenté de jouer les matamores et de traverser le ravin en plein vide sur l’arbre moussu et vermoulu qui fait passerelle entre les deux rives, tel un Indiana Jones… C’est bien tentant !
Chiche !
Je n’ai pas eu le courage de traverser le ravin sur le tronc d’arbre moussu et vermoulu… Oui, c’est vraiment dur d’être surhumain. Il fut un temps où je l’aurais certainement tenté… Je me suis consolé en rejoignant une petite cascade toute proche pour contempler l’eau couler entre les pierres et les fougères et écouter religieusement sa musique. C’est pour moi comme une thérapie, j’ai forgé à ce propos un néologisme : Pêgêthérapie, du grec ancien πηγή, pêgê (« source, fontaine ») et θεραπεία, therapeía (« cure ») – voir « Histoires d’O », c’est ICI . J’ai l’impression que mes mauvaises pensées et mes soucis sont entraînées par l’eau et le temps qui passent et vont se perdre et se dissoudre, au loin, dans les sédiments et la vase du lac.
Vous êtes prévenus, ne remuez jamais la vase …
photos d’Enki
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––